Actualités en Droit Social

L’action d’une organisation syndicale en vue d’ordonner la réalisation d’une enquête pour harcèlement n’empêche pas le salarié d’exercer sa propre action

Cet article vous plait ?
Partagez-le avec votre réseau !

Dans un arrêt du 8 septembre dernier, la Cour de cassation a jugé que l’action d’un salarié en résiliation de son contrat de travail pour des faits de harcèlement ne peut être déclarée irrecevable au motif que l’action antérieure d’un syndicat en vue de l’organisation d’une enquête sur les mêmes faits a été rejetée (Cass. soc., 8 sept. 2021, n° 20-14.011).

En l’espèce, une salariée, coordinatrice dans une entreprise de commerce d’articles de cristallerie, se considérait victime de faits de harcèlement moral.

Face à cette situation, et en l’absence du lancement d’une enquête par l’employeur, une organisation syndicale a agi devant le conseil de prud’hommes pour qu’il soit ordonné la réalisation d’une enquête.

Par jugement du 26 novembre 2013, le Conseil de prud’hommes a rejeté la demande formée par l’organisation syndicale.

Dans ce contexte, la salariée a saisi, le 11 juin 2013, le conseil de prud’hommes pour obtenir la résiliation judiciaire de son contrat de travail au regard des faits de harcèlement dont elle estimait être victime.

Le Conseil de prud’hommes, puis la Cour d’appel de Paris, ont cependant déclaré les demandes de la salariée irrecevables au motif que ces faits avaient déjà été appréciés dans le cadre de l’action initiale de l’organisation syndicale, pour laquelle un jugement devenu définitif et rejetant les demandes était déjà intervenu, de sorte qu’il était revêtu de l’autorité de la chose jugée.

Saisie par la salariée, la Cour de cassation censure la Cour d’appel et juge que ni le principe d’autorité de la chose jugée, ni celui de l’unicité de l’instance, ne font obstacle à ce qu’un salarié engage une action en son nom propre suite à un jugement rendu sur la demande d’enquête formulée par une organisation syndicale.

 

La Cour de cassation se fonde sur l’article L. 2313-2 du Code du travail dont se réclamait l’organisation syndicale dans le cadre de son action (dans sa version antérieure aux ordonnances « Macron » désormais codifié à l’article L. 2312-59 et dont le principe reste le même) prévoyant la faculté pour les délégués du personnel (désormais les membres du CSE) de saisir l’employeur en cas d’atteinte aux droits des personnes (notamment en cas de harcèlement).

Ce texte prévoit en effet que l’alerte sur ce sujet doit donner lieu à une enquête, à défaut de laquelle le représentant du personnel dispose de la faculté (en l’absence d’opposition du salarié concerné) de saisir directement le bureau de jugement du conseil de prud’hommes pour qu’il ordonne les mesures qui s’imposeraient.

A la lumière de ce texte, la Haute Cour considère que l’objet d’une telle action, et partant celle de l’organisation syndicale qui s’en réclamait, n’est pas de caractériser ou non l’existence d’une situation de harcèlement, mais uniquement de faire ordonner les mesures de traitement de nature à faire cesser une atteinte dénoncée.

Aussi, l’action personnelle ultérieure du salarié concerné sur la matérialité du harcèlement et son effet sur son contrat de travail n’est pas impactée par une telle demande judiciaire d’enquête.

Cette « nouvelle pierre » à l’édifice du droit des alertes internes recommande à nouveau la plus grande vigilance dans le traitement de ces situations critiques.

Afin d’accompagner au mieux les entreprises dans ces dernières, MggVoltaire a créé un département « affaires sensibles » ayant vocation à intervenir sur les aspects sociaux de ces affaires pouvant impacter négativement la réputation des entreprises et/ou de leurs dirigeants .

Une matinée actu spéciale « gestion de crise » sera organisée le 20 octobre de 9 h à 11 h. Vous pouvez vous inscrire en cliquant sur le lien suivant :

https://attendee.gotowebinar.com/register/2074825038813433357

Par ailleurs, vous trouverez ci-dessous la jurisprudence commentée.

https://www.courdecassation.fr/jurisprudence_2/chambre_sociale_576/963_8_47655.html

Vous rechercher des informations en Droit Social ?

Utiliser le moteur de recherche ci-dessous !

Vous avez besoin de conseils et accompagnement en Droit Social ?

Contactez-nous, nos avocats experts en Droit Social sont là pour vous !

Dernières actualités en droit social

Actualités en droit social

APLD « rebond » : le Ministère du travail publie un questions-réponses

À la suite de la publication au Journal officiel du 15 avril 2025, du décret du 14 avril 2025 précisant les modalités d’application du dispositif d’activité partielle de longue durée « rebond » (APLD-R), le Ministère du travail a mis en ligne un questions-réponses à destination des entreprises. Le questions-réponses est accessible

Lire la suite
Actualités en droit social

Santé / sécurité au travail : un allègement des obligations pour l’employeur et la médecine du travail

En application d’un décret publié au Journal officiel du 19 avril 2025, les travailleurs affectés à un poste « pouvant nécessiter une autorisation de conduite ou une habilitation électrique » sont écartés de la liste des salariés bénéficiant d’un droit à un suivi individuel renforcé par la médecine du travail. Pour rappel, ce suivi individuel renforcé

Lire la suite
Actualités en droit social

Action en discrimination, injonction de communiquer et RGPD

Par un arrêt du 9 avril 2025 (n°22-23.639), la Cour de cassation juge, pour la première fois à notre connaissance, que lorsque le juge est saisi d’une demande de communication forcée de pièces contenant des données à caractère personnel de tiers, celui ci doit procéder à un contrôle de proportionnalité

Lire la suite
Back to top

Inscription
aux Matinées Actualités