Actualités en Droit Social

Lettre de licenciement : possibilité d’invoquer deux motifs distincts

Cet article vous plait ?
Partagez-le avec votre réseau !

À condition de respecter les règles applicables à chaque cause de licenciement, l’employeur peut invoquer dans la lettre de licenciement des motifs différents de rupture inhérents à la personne du salarié, dès lors qu’ils procèdent de faits distincts.

Le Code du travail admet de manière indirecte la possibilité de faire coexister deux motifs (l’un disciplinaire et l’autre non) dans une même lettre de licenciement.

Ainsi, l’article L. 1232-6 du Code du travail dispose que la lettre de licenciement « comporte l’énoncé du ou des motifs invoqués par l’employeur ».

De même, l’article L. 1232-5-1 du Code du travail énonce qu’« en cas de pluralité de motifs de licenciement, si l’un des griefs reprochés au salarié porte atteinte à une liberté fondamentale, la nullité encourue de la rupture ne dispense pas le juge d’examiner l’ensemble des griefs énoncés, pour en tenir compte, le cas échéant, dans l’évaluation qu’il fait de l’indemnité à allouer au salarié ».

Ce principe relatif à la possibilité de voir coexister deux motifs inhérents à la personne du salarié a notamment été rappelé à plusieurs reprises depuis une jurisprudence du 23 septembre 2003 (Cass. soc., 23 sept. 2003, n°01-41.478).

Attention, la coexistence de deux motifs doit répondre à des conditions :

–       il doit s’agir de motifs inhérents à la personne du salarié, ce qui exclut la cohabitation d’un motif personnel et d’un motif économique ;

–       les motifs disciplinaire et non disciplinaire invoqués doivent procéder de faits distincts.

Au cas particulier, il s’agissait d’un salarié engagé en 2002 comme directeur d’établissement au sein d’une association, et licencié le 17 avril 2014 en raison d’un comportement fautif d’un côté et d’une insuffisance professionnelle (non fautive) de l’autre. La Cour d’appel a considéré que le licenciement ne pouvait être justifié par la faute grave, mais était fondé au titre du motif non disciplinaire : l’insuffisance professionnelle.

La Cour de cassation a ainsi pu juger que :

« 4. L’employeur, à condition de respecter les règles applicables à chaque cause de licenciement, peut invoquer dans la lettre de licenciement des motifs différents de rupture inhérents à la personne du salarié, dès lors qu’ils procèdent de faits distincts.

5. La cour d’appel, après avoir rappelé que la lettre de licenciement visait deux cas de licenciement, une insuffisance professionnelle et une faute, et examiné les éléments de fait et de preuve versés au débat, a d’abord retenu que, si le grief disciplinaire n’était pas établi, celui fondé sur l’insuffisance professionnelle était démontré. Exerçant ensuite les pouvoirs qu’elle tient de l’article L. 1235-1 du code du travail, elle a décidé que le licenciement du salarié procédait d’une cause réelle et sérieuse. »

Cass. soc., 17 janv. 2024, n°22-19.733

Vous rechercher des informations en Droit Social ?

Utiliser le moteur de recherche ci-dessous !

Vous avez besoin de conseils et accompagnement en Droit Social ?

Contactez-nous, nos avocats experts en Droit Social sont là pour vous !

Dernières actualités en droit social

Actualités en droit social

La prise en charge d’une affection au titre de la législation sur les maladies professionnelles n’est pas de nature à constituer à elle seule la preuve de l’origine professionnelle de la maladie

Dans un arrêt rendu le 10 septembre 2025 (n°23-19.841), la Cour de cassation a statué sur la valeur probatoire de la reconnaissance du caractère professionnel de la maladie déclarée par la CPAM en cas de contestation de l’origine de l’inaptitude physique du salarié devant le Conseil de prud’hommes. Au cas

Lire la suite
Actualités en droit social

Licenciement pour des faits relevant de la vie personnelle, conciliation avec la liberté d’expression et la liberté religieuse

Outre les arrêts précédemment commentés du 10 septembre dernier, la chambre sociale de la Cour de cassation a également rendu une décision conciliant la vie personnelle, la liberté d’expression et la liberté religieuse. Dans les faits d’espèce, une salariée, agente de service intérieur au sein d’une association spécialisée dans la

Lire la suite
Actualités en droit social

Saga des congés payés : nouveau revirement de jurisprudence en matière de calcul des heures supplémentaires

Depuis les arrêts du 13 septembre 2023 (Cass. soc., 13 sept. 2023, n°22-17.340 et n°22-17.638), le droit aux congés payés est au cœur de l’actualité législative et jurisprudentielle, la Cour de cassation ayant entrepris de se mettre en conformité avec le droit de l’Union européenne, en consacrant notamment l’acquisition de

Lire la suite
Back to top

Inscription
aux Matinées Actualités