Actualités en Droit Social

Acquisition de congés payés pendant l’arrêt de travail : revirement !

Cet article vous plait ?
Partagez-le avec votre réseau !

Par deux arrêts du 13 septembre 2023, promis à la plus grande diffusion, la Cour de cassation met en conformité le droit français avec le droit européen en matière d’acquisition des congés payés.

  • Dans le 1er arrêt (n°22-17.340), les absences pour cause de maladie non professionnelle doivent désormais être prises en compte pour la détermination du droit à congé.

Pour mémoire, contrairement aux absences visées à l’article L. 3141-5 du Code du travail, les absences pour maladie non professionnelle ne sont légalement pas assimilées à du travail effectif pour le calcul des congés payés.

A défaut de dispositions conventionnelles plus favorables, ces absences entraînaient donc une réduction de la durée du congé annuel et n’étaient pas être prises en compte pour le calcul de l’indemnité de congés payés.

Or, selon la CJUE, tout travailleur, qu’il soit placé en arrêt de travail pendant la période de référence à la suite d’un accident survenu sur le lieu de travail ou ailleurs, ou à la suite d’une maladie de quelque nature ou origine qu’elle soit, ne saurait voir affecter son droit au congé annuel payé d’au moins 4 semaines (CJUE, grande ch., 24 janv. 2012, aff. C-282/10, Dominguez).

La Cour de cassation ne s’est pourtant pas alignée, pendant un temps, sur cette position de la CJUE et a refusé que les arrêts maladie d’origine non professionnelle soient assimilés à du temps de travail effectif pour la détermination de la durée des congés payés (A titre d’exemples : Cass. soc., 13 mars 2013, n° 11-22.285, Cass. soc., 2 juin 2016, n° 15-11.422). 

La Cour de cassation s’est ainsi attachée à appliquer stricto sensu le texte de l’article L. 3141-5 du Code du travail, lequel ne prévoit pas que les absences pour cause de maladie non professionnelle soient considérées comme périodes de travail effectif pour la détermination de la durée du congé.

Position plutôt surprenante, dans la mesure où la Haute Cour a pu admettre que les absences pour cause d’accident de trajet, pourtant non visées à l’article L. 3141-5 du Code du travail, pouvaient être assimilées à des périodes de travail effectif pour la détermination de la durée du congé (Cass. soc., 3 juill. 2012, n° 08-44.834).

La Cour de cassation, avec son arrêt du 13 septembre 2023, s’aligne donc sur la jurisprudence communautaire : les salariés acquièrent des droits à congé payé pendant la suspension de leur contrat de travail pour cause de maladie non professionnelle.

  • Dans le 2nd arrêt (n°22-17.638), les absences pour cause d’accident du travail ou de maladie professionnelle, qui dureraient plus d’un an, sont désormais prises en compte dans leur totalité pour la détermination du droit à congé.

Pour mémoire, l’article L. 3141-5 du Code du travail prévoit que si les absences pour cause d’accident du travail ou de maladie professionnelle sont prises en compte pour la détermination du droit à congé, ce n’est que dans la limite d’une durée ininterrompue d’un an.

La Cour de cassation estime que cette limite n’est pas de nature à garantir aux salariés le respect de leur droit à congé, au visa de l’article 7 de la directive 2003/88/CE du 4 novembre 2003 au terme duquel « Les États membres prennent les mesures nécessaires pour que tout travailleur bénéficie d’un congé annuel payé d’au moins quatre semaines, conformément aux conditions d’obtention et d’octroi prévues par les législations ou pratiques nationales ».

Quelle conséquence pratique ? L’indemnité compensatrice de congés payés peut désormais aller au-delà d’un an, en cas d’arrêt pour accident du travail ou maladie professionnelle.

https://www.courdecassation.fr/decision/65015d5fee1a2205e6581656?search_api_fulltext=&date_du=&date_au=&judilibre_juridiction=cc&judilibre_chambre%5B0%5D=soc&op=Rechercher%20sur%20judilibre&previousdecisionpage=0&previousdecisionindex=3&nextdecisionpage=0&nextdecisionindex=5

https://www.courdecassation.fr/decision/65015d62ee1a2205e6581658?search_api_fulltext=&date_du=&date_au=&judilibre_juridiction=cc&judilibre_chambre%5B0%5D=soc&op=Rechercher%20sur%20judilibre&previousdecisionpage=0&previousdecisionindex=3&nextdecisionpage=0&nextdecisionindex=5&previousdecisionpage=0&previousdecisionindex=2&nextdecisionpage=0&nextdecisionindex=4

Vous rechercher des informations en Droit Social ?

Utiliser le moteur de recherche ci-dessous !

Vous avez besoin de conseils et accompagnement en Droit Social ?

Contactez-nous, nos avocats experts en Droit Social sont là pour vous !

Dernières actualités en droit social

Actualités en droit social

APLD « rebond » : le Ministère du travail publie un questions-réponses

À la suite de la publication au Journal officiel du 15 avril 2025, du décret du 14 avril 2025 précisant les modalités d’application du dispositif d’activité partielle de longue durée « rebond » (APLD-R), le Ministère du travail a mis en ligne un questions-réponses à destination des entreprises. Le questions-réponses est accessible

Lire la suite
Actualités en droit social

Santé / sécurité au travail : un allègement des obligations pour l’employeur et la médecine du travail

En application d’un décret publié au Journal officiel du 19 avril 2025, les travailleurs affectés à un poste « pouvant nécessiter une autorisation de conduite ou une habilitation électrique » sont écartés de la liste des salariés bénéficiant d’un droit à un suivi individuel renforcé par la médecine du travail. Pour rappel, ce suivi individuel renforcé

Lire la suite
Actualités en droit social

Action en discrimination, injonction de communiquer et RGPD

Par un arrêt du 9 avril 2025 (n°22-23.639), la Cour de cassation juge, pour la première fois à notre connaissance, que lorsque le juge est saisi d’une demande de communication forcée de pièces contenant des données à caractère personnel de tiers, celui ci doit procéder à un contrôle de proportionnalité

Lire la suite
Back to top

Inscription
aux Matinées Actualités